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Ciel de Berlin

Höhenflug

Hélène Rigny expose, du 1er au 30 novembre, dans le cadre de la seconde édition du Mois de la Photographie Off au Salon Karl-Marx-Allee Buchhandlung, sa série Ciel de Berlin (2016), librairie historique de Berlin-Est, que les étagères en bois massif ornent de leur charme.

De ciel il est question mais finalement assez peu. Plus que céleste, ces photos sont aériennes. Cette série en noir et blanc est le fruit d'une performance qui met en scène un danseur sur les toits de Berlin-est.

Hélène Rigny avait déjà travaillé avec des danseurs et abordé les interactions entre corps et architecture ou encore la topographie de Berlin, Berlin-est surtout.

On retrouve dans ce dernier travail la silhouette humaine comme un élément d’urbanisme de la série Coming and Going (2012); Le noir et blanc aux doux contrastes de Harbour (1998); l'urbanisme, bien sûr, de My sweet DDR (1999-2015). Bien plus qu'une redite de ses travaux précédents, la série Ciel de Berlin est un aboutissement où toutes ces lignes forces se rejoignent dans des photographies plus minimales. L'air y prend un sens particulier. Celui de la ville. Celui surtout laissé sous la partie solarisée des photographies. Elles sont comme de grands polaroids, imprimés dans la seule moitié supérieure, rappelant quelque peu ceux de Sibylle Bergemann (1941-2010), l’immense photographe, que l’on pourrait qualifier d’humaniste, du Berlin soviétique. Toutes deux travaillant à saisir l’instant, sans fard. Hélène Rigny adopte d’ailleurs un processus entièrement analogique. Ses photos sont tirées sur papier baryté de grand format avec un soin immense apporté au rendu de l’atmosphère de la prise de vue. L’encadrement, minimal, est aussi un choix engagé de l’artiste.

 

Si la série exprime un tout, chacun de ces objets photographiques peut aisément s'abstraire du corpus et s'exposer seule, élégamment. On peut passer puis revenir sur chacun d’entre eux et s'émouvoir de cet homme en mouvement, décoder le sens des glyphes géographiques qui ornent les manches dans la chemise faite sur mesure pour le danseur, se laisser aller à la quiétude et la paix sensible qui s'en dégagent.

 

Enfin, ces photos sont importantes car elles contrastent avec une tendance, fascinante mais rebattue, de l'artiste total, à la fois objet et sujet de son travail. On pense bien sûr à Cindy Sherman qui se met en scène dans chacun des centaines de clichés qui composent son œuvre. Par contraste, Hélène Rigny se met au service de son, de ses sujets, le danseur, la ville, l'espace, dans une symbiose fusionnelle. Elle est dans l’espace vide qui fait que l’image prend toute sa place.

 

Dans ce ciel qui finit par tout engloutir. Dans l’espace laissé à chacun d’y voir ce qui l’appelle. 

Simon Drevet

Secrétaire Général de L'institut Français de Berlin

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